Ayi Giri Nandini, nous guide

23 juillet 2013. 

Chandrapuri

Chandrapuri est l’une des régions les plus touchées. Elle est isolée de part et d’autre et la rivière tourbillonnante y menace tout ce qui tient encore debout. De nombreuses personnes ont perdu leur maison et dorment sous tente. On peut encore atteindre la ville par un téléférique improvisé entre les deux rives de la rivière. C’est ainsi que les médecins et les médicaments ont traversé – ce n’est en fait qu’un panier qui pend à un câble au-dessus de la rivière. A peu près 500 personnes ont reçu des soins et des conseils à Chandrapuri.

 

 

Giri Nandini nous guide

Nous avons visité toutes les régions que les autorités médicales nous avaient confiées. La période de l’aide médicale urgente est maintenant passée. Mais il reste encore beaucoup à faire. Les plus importantes sources de revenus sont perdues et la région est toujours sujette aux pluies. L’alarme prévenant du risque d’inondation retentit régulièrement et le sol se dérobe par conséquent sous les pas. Vu le manque d’aide officielle, le présent et le futur semblent bien sombres.

 

Nous avons vu beaucoup de destructions ici. La rage de la nature a bouleversé de nombreuses existences. Mais nous avons également constaté une énorme résistance. La foi ici est très vive. Pour vivre ici dans des circonstances normales, il faut déjà un fameux courage et une fameuse foi, tant mentalement que physiquement. La profonde connectivité avec leurs traditions les rend forts. Une femme ayant perdu ses deux fils le formule ainsi : « Dieu nous a toujours donné ce dont nous avions besoin, il va continuer à le faire. »

Les activités de construction intense et incohérente – digues, tunnels et résidences secondaires le long de la rivière- ont exigé un lourd tribut du pays des dieux (Devi Bhoomi). Le flux normal des rivières, y compris celui du Gange, est interrompu. On aurait pu croire à une compétition pour saboter l’équilibre écologique afin de répondre à l’égoïsme de certains individus. De nombreux tunnels ont été construits dans cette région montagneuse instable qui est la plus jeune, la plus haute et la plus précieuse au monde. Certains groupes locaux relient aussi cette catastrophe au déplacement forcé de la statue très honorée de Dhaari Devi, à la commercialisation accrue des lieux saints et à la perte générale de l’harmonie. Quoi qu’il en soit, le fait est que Mère Nature nous prévient. A nous d’y être très attentifs. Seule Amma sait nous dire comment aider ces gens à reconstruire leur vie et comment rétablir la balance écologique de sa patrie. Car par-dessus tout, elle est « la fille des montagnes » ce qui signifie « Giri Nandini ». Puisse Amma nous guider.

-Mukesh

 

Tout doit monter

15 janvier 2014 – Maisons gratuites – Uttarakhand

Comme les berges avaient perdu beaucoup de terre, nous pouvions seulement bâtir en haut des côtes. La vallée est densément peuplée, pratiquement toute la place disponible est occupée par l’habitat et l’agriculture. Il n’y a plus de place pour y construire encore 50 nouvelles maisons.

 

Le fond de la rivière est couvert d’une couche d’éboulis d’une épaisseur de 9 m.

 

La première maison que nous construisons est un peu à l’écart, entre les terrasses où le riz et les semences de moutarde sont cultivés. Tout le matériel de construction a été livré sur la grande route. Les ânes et les porteurs népalais nous montrent comment porter, par des pentes raides et à dos d’homme, le sable, le gravier, le ciment, les briques et les tiges d’acier. On gagne 0,26 euro en montant 35 briques. Un bon porteur peut ainsi faire 30 trajets par jour et aura alors gagné près de 8 euros.

 

Les briques montent la colline sur le dos d’un porteur népalais.

Chaque parcelle de terrain est d’abord bénie par une puja, ensuite Swami Premamrita en personne délimite la fondation de chaque maison. Creuser est difficile car même sur les pentes la terre est un mélange de saletés et de grandes pierres rondes de la rivière. Au début nous n’avions que 3 ouvriers : Babalu, Chitra et Umesh qui est aussi cuisinier. Tout le travail est fait avec des machines manuelles, aussi bien la construction des coffrages à béton avec du triplex que la découpe du béton armé et le mélange du ciment.

Bhoomi Puja – On fait une Puja pour la Terre Mère afin de préparer le sol pour les travaux de constuctions.

Cela m’a surpris de voir Shanti Devi, la future propriétaire de notre première maison, participer quotidiennement à la construction. En silence elle nous aidait en portant le sable, le gravier et l’eau où nécessaire. Elle a perdu sa maison, son mari, un fils et ses deux ânes lors des inondations. Elle ira habiter la maison avec son fils survivant.

 

Shanti Devi participe à la construction de sa maison.

Pour le travail du béton, Swamiji doit attendre l’eau et l’électricité. Des fonctionnaires communaux avaient accepté d’y pourvoir 10 jours avant le début des travaux mais le raccordement n’est toujours pas fait. Swamiji leur donna alors 48 heures pour régler le problème en menaçant d’aller s’asseoir chez Amma à Kerala. Le jour suivant l’eau et l’électricité étaient enfin là. Bientôt le rythme de travail va augmenter avec plus de parcelles à bâtir et plus d’ouvriers.

– Scott